Quel type de burins utilisez-vous ?

Bonjour,

Je continues de vous lire régulièrement, ce qui stimule ma curiosité ou m'amène à revisiter des outils ou procédés de gravure.
J'ai surtout travaillé ces dernières années en photopolymère, eau-forte et aquatinte.
Depuis quelques mois je souhaite intégrer de plus en plus le dessin et des procédés qui ne  requiert pas de morsure ce qui m'a amené à sortir mes deux burins #6 un plutôt carré et le second losange et que j'ai de surcroît mal aiguisé.
J'ai fait quelques tests. Je trouve difficile l'aiguisage mais je suis consciente que la pratique résoudra ce problème.
Par contre, je suis perplexe face à l'achat de nouveaux burins. Sur le site de EC Lyons il y a les burins plats, ronds et ceux à multiples lignes...
Pour le format ex #2 est-il plus large que le #8 ou l'inverse ?
J'aimerais bien lire de vos expériences et compétences.

Merci !

Lise

Bonjour Lise
je viens de mesurer quelques burins carrés Lyons:
le numéro 2 est un barreau carré de 1mm et 22/100 eme
le numéro 3         1mm et 80/100èmes
le numéro 6         2mm et 30/100èmes (le plus courant et en fait le seul suffisant dans la plupart du temps)
le numéro 7         2mm et 80/100èmes

Les plats et les ronds (les scorfers) sont très difficiles à faire progresser et presque impossibles à affuter correctement)

les burins multilignes sont aussi assez difficiles à faire avancer dans le cuivre, les outils à rayures (scratch board tools) sont plus faciles à utiliser: on les tire sur le cuivre au lieu de les pousser.

les burins en losange sont utiles pour les lignes fines et droites mais peut recommandés pour les tracés sinueux.

à mes débuts j'ai acheté toute une panoplie de burins et finalement le 6 est suffisant, tout au moins pour ce que je grave. En fait comme le burin est carré et qu'il attaque le cuivre sur une arrête avec une main légère on fait la même taille avec un "6" qu'avec un "3" par exemple, l'angle de la taille n'est pas plus ouvert il reste à 90°.

Pour l'affûtage (car chez nous on utilise deux mots: l'aiguisage qui donne la forme et l'affûtage qui affine le surface tranchante, il y a des outils simples qui facilitent la tâche. Si on affûte souvent on ne fait que polir le tranchant, si on attend trop alors il faut restaurer la forme d'attaque et le travail sur la pierre est plus important et difficile
Ce qu'on peut remarquer c'est que les bons burinistes , ce que je ne suis pas, affûtent leur burin très souvent au cours du travail, certains presque tous les quatre ou cinq tailles et dans ce cas ils se passent d'un outil spécial et ne font que quelques passes sur la pierre.
Comme outil d'affûtage Bruno recommandait plutôt que les petits accessoires à roulette, l'usage d'un bouchon de liège dans lequel le burin s'engage à chaque affûtage avec le même angle sur la pierre d'Arkansas.

bonnes gravures.

Jean-Claude,

Merci pour tous ces renseignements. J'ai acheté il y a plusieurs années la pierre et l'outil à roulette Bergeon chez Charbonnel qui facilite l'affûtage de la pointe
mais pas des cotés.

Lise

Lise j'ai le même outil que toi, le Bergeon qui est très bien fait, à la différence du petit triangle vendu quelquefois et qui ne donne pas une position nette au burin.
J'avais malencontreusement détruit l'outil bergeon en bois où se logent les pierres carrées d'affutage. Une fois la pierre placée dans ce support de bois on a de chaque coté une piste bien rectiligne pour les roulettes de l'outil en question.
J'en ai refait deux un pour la pierre plus rugueuse à aiguiser et l'autre pour le polissage à l'Arkansas

Finalement j'ai acheté une pierre plus large où les roulettes ont plus d'espace pour rouler, bien sur le positionnement du burin dans l'outil est modifié.

Pour les bords, il faut ôter le burin de l'outil et le passer sur la pierre à plat sur chaque coté en tirant.

Bonjour Lise,
il y bien longtemps que je n'ai plus utilisé le burin, mais j'utilisais pour l'aiguisage final de l'acier du burin un très léger passage sur du papier au carborundum N°1200 avec une goutte d'eau et cela uniquement sur les deux arêtes ( et parallèlement à celles-ci ) qui pénètrent dans le cuivre, attention de ne pas trop le faire sinon tu changes l'angle de pénétration dans le cuivre.
Avec cette technique j'avais des burins qui se promenaient sur le cuivre et pour les lignes courbes, c'était un vrai plaisir, mais cela c'était avant que la vue baisse hélas

Merci Hervé. C'est effectivement pour moi les cotés qui sont difficiles à affûter.

Il me semble que les échoppes sont adaptées aux courbes serrées, les textes en anglaises par exemple. Le bas du barreau en contact avec le cuivre n'est plus angulaire mais arrondi.

Un ami buriniste m'a rappelé qu'il y a un chapitre complet sur l'affutage dans le Traité du burin d'Albert Flocon

Bonsoir Pierre, bonsoir à tous
Dans le traité du burin d'Albert Flocon le chapitre sur l'affûtage se trouve sur les pages 38 à 47.
Comme tout ce qu'a fait Flocon c'est pur, beau, impressionnant à regarder ou à lire mais totalement intransposable à tout à chacun.
Lisez ce passage très éloquent:
"...les trois surfaces ainsi traitées sont bien planes, forment trois tranchants impeccables et une pointe approchant du zéro géométrique.
Mais en vérité, cette facilité trompeuse malgré une longue pratique, reste le signe des jours fastes. Pour le graveur né sous une bonne étoile, une telle opération est chose allant de soi."

Bon il y a des outils d'affûtage, qui sont certes des béquilles par rapport à l'habileté de celui qui est né sous la bonne étoile, mais ces outils facilitent l'affûtage, quitte à ne plus s'en servir quand on a la main très sure à force de pratique.